Le vin est-il votre meilleur ami ? – Coach Magazine France

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red-wines1-6981443 Credit : menshealth.com

Vous avez peut-être tendance à préférer la bière au vin, eh bien vous avez tort ! Ce n’est pas pour rien si le Français authentique, historique, est toujours représenté avec ses trois attributs fondamentaux : le béret, la baguette et le vin rouge. Le sens des deux premiers est évident. Le béret protège des rayons ultraviolets, et le pain apporte le carburant nécessaire au travail de la masse musculaire.

Mais pourquoi le raisin fermenté? Pour augmenter l’espérance de vie, tout simplement. Le mode de vie français constitue une cruelle énigme pour nos voisins nordiques et anglo-saxons. Nous nous gavons de foie gras, de fromage, de saucisson et de pâtisseries, mais nous faisons pourtant moins d’AVC ou d’infarctus que les mangeurs de choucroute ou de fish and chips. Voilà ce qu’on appelle le « French Paradox ». Ce phénomène étrange est étudié depuis les années 90.

Le Pr Serge Renaud, inventeur du concept, a émis l’hypothèse de bénéfices quasi magiques du vin. Depuis, des dizaines d’études sont venues confirmer les bienfaits d’une consommation modérée mais régulière. Une étude néerlandaise a même affirmé, en 2007, que boire un demi-verre de vin par jour pouvait augmenter de cinq ans l’espérance de vie par rapport aux non-buveurs.

BIEN BOIRE, C’EST TOUT UN ART

Piano sur le Chianti

Comme le disent les Italiens, orfèvres en la matière : «Qui va piano, va sano». Traduction : mollo sur la bouteille. Le mode de consommation joue un rôle essentiel dans les bienfaits du vin. L’équipe du cardiologue Jean Ferrières a étudié ce phénomène en 2010. Les résultats ont été publiés dans le British Medical Journal. Les chercheurs ont comparé de gros buveurs ponctuels de bière (typiquement, les Irlandais), avec des buveurs réguliers, mais modérés, de vin au cours des repas. «Pour la même quantité d’alcool, on a constaté que les Irlandais avaient deux fois plus de risques d’infarctus du myocarde que les Français», affirme le professeur.

Autre point intéressant : les chercheurs se sont aperçus que les abstinents avaient 40 % de risques supplémentaires de faire une crise cardiaque par rapport aux buveurs ! «Dans un sens ou dans l’autre, toutes les conduites excessives sont mauvaises, confirme le Pr Ferrières. Les études montrent que les abstinents ont plus de risques que les buveurs de développer une maladie cardio-vasculaire, un cancer, ou de se suicider. » La bonne attitude : boire peu, mais régulièrement. Pour le cardiologue, la dose juste se situe autour de deux verres par jour pour les hommes, et de un pour les femmes. L’objectif n’est pas de boire davantage, mais différemment. Au lieu d’une bouteille le week-end, vous la répartissez sur toute la semaine et la consommez à table. Les effets négatifs de l’alcool prennent le dessus au-delà de deux verres par jour.

Préférez le rouge

Dommage, mais la pinte de bière ou les shots de vodka n’allongent pas l’espérance de vie. Le seul alcool ami du French Paradox, c’est le vin. Et pour cause, il contient un grand nombre de microconstituants extrêmement bénéfiques pour la santé : les polyphénols. Ils se trouvent dans la peau et les pépins du raisin. C’est pourquoi il y en a beaucoup plus dans le vin rouge, qui fermente avec la peau, que dans le blanc ou le rosé.

Flavonols, anthocyane, proanthocyanidines ou stilbènes : leurs propriétés antioxydantes sont très puissantes. «Les polyphénols luttent contre les effets néfastes des radicaux libres, des composés toxiques qui accélèrent le vieillissement cellulaire, favorisent les maladies vasculaires et certains cancers, explique le Pr Norbert Latruffe, chercheur en biochimie. Les radicaux libres réagissent avec beaucoup de substances dans l’organisme. Ils oxydent notamment les lipides, qui s’accumulent davantage sur la paroi des vaisseaux sanguins, modifient certaines protéines et ont des effets mutagènes sur l’ADN.»

TOUT BON POUR LE CŒUR ET LES ARTÈRES

Une action antigras

Le vin rouge améliore le cholestérol. Le Pr Latruffe et son équipe ont comparé deux groupes de patients ayant subi un infarctus : les uns devaient consommer un verre de vin rouge midi et soir, et les autres de l’eau. Au bout de trois semaines, les buveurs de vin présentaient une baisse de 18 % de leur taux de cholestérol et une augmentation de la fluidité du sang. Les polyphénols jouent bien sûr un rôle, mais, contrairement à ce qu’on aurait pu penser, l’éthanol n’y est pas pour rien non plus. «L’alcool fluidifie le sang, rappelle le Pr Ferrière. Il réduit l’agrégation des plaquettes à l’origine de caillots qui bouchent les vaisseaux. Il augmente aussi la concentration de bon cholestérol.»

L’éthanol est donc merveilleux… à petites doses. Tout est donc question de mesure. Les polyphénols dilatent également les artères. Ils les empêchent ainsi de se boucher et de provoquer thromboses et AVC. Parmi les plus étudiés, le resvératrol suscite beaucoup d’enthousiasme de la part des chercheurs. Les scientifiques ont montré en laboratoire que cette molécule agissait contre l’obésité et le diabète. Elle suscite même quelques espoirs contre la maladie d’Alzheimer et le cancer.

Son mode d’action ? Elle favorise une protéine qui protège les cellules du vieillissement. Le problème est qu’un verre de vin ne contient qu’une faible quantité de resvératrol, inférieure à la dose active. «C’est une des grandes questions que l’on se pose, admet le biochimiste, mais les résultats sur la santé sont là. On pense qu’il y a probablement des synergies entre les polyphénols pour augmenter les effets du resvératrol. La molécule pourrait aussi s’accumuler au niveau du foie.» Mais même dans ces conditions, le vin ne suffit pas à expliquer l’incroyable résistance des Français au gras.

Mangez grec

Non, on ne vous conseille pas la carte d’abonnement au kebab du coin, on pensait plutôt aux habitudes alimentaires du Crétois centenaire, grand consommateur de tomates bien mûres, d’huile d’olive, de poisson et de fromage de brebis. Malgré les inestimables bénéfices de ce bon pinard français, les chercheurs ont été obligés d’admettre que le French Paradox ne pouvait pas exister sans un régime alimentaire sain. «Le régime méditerranéen, riche en fruits et en légumes frais, avec un bon équilibre entre les omégas 3 et 6, joue aussi un rôle important dans le French Paradox, considère le Pr Ferrières. C’est tout un ensemble.» Par ailleurs, la France elle-même est partagée en deux : nos concitoyens du Sud ont une bien meilleure santé cardio-vasculaire que ceux du Nord, tout comme ceux d’Italie, d’Espagne et de Grèce. Une mauvaise hygiène de vie peut totalement annuler les bienfaits du vin.

VIN ET CANCER

La grande question

Si les bénéfices cardio-vasculaires du vin sont bien établis, son impact sur le cancer est plus débattu. En 2009, une étude britannique a plombé l’ambiance en affirmant que l’alcool augmente le risque de cancer dès le premier verre, même de vin. L’Institut du cancer (Inca) était sur la même ligne. Passer à côté d’un infarctus a semblé tout à coup beaucoup moins génial si les chances de mourir d’un cancer augmentaient au passage. De fait, l’alcool est rapidement toxique pour l’organisme.

L’éthanol peut nuire à la fonction cardiaque et favoriserait le développement de cancers de la bouche, du foie, du sein, ou encore colorectal. Toute la question est : à partir de quelle quantité ? Un certain nombre de chercheurs français se sont immédiatement élevés contre ces résultats, pour affirmer que deux verres de vin n’augmentaient pas le risque de cancer. Une étude menée par le Pr Lanzmann-Petithory affirme même exactement le contraire : les consommateurs de vin auraient un risque de mort prématurée, y compris du cancer, inférieur de 25 %. Si la balance bénéfices/risques est finalement positive, on le doit à nouveau aux polyphénols, capables de contrebalancer les éventuels effets négatifs de l’alcool.