Devenez plus puissant grâce à la méthode Jet Li – Coach Magazine France

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© E.J Camp / Corbis Outline

S’il est aujourd’hui affaibli – il souffre d’hyperthyroïde depuis 2010 -, Jet Li, qui jouera au printemps prochain le rôle de l’empereur dans Mulan, est sans doute le maître dont nous avons le plus à apprendre. Concentration mentale intense, force d’esprit, vitesse surhumaine, grâce, dévotion à l’art martial: personne ne lui arrive encore à la cheville.

La méthode Jet Li

L’homme se penche vers le garçon. Il lui serre la main, le décoiffe et lui dit: « Jeune homme, ton kung-fu est vraiment impressionnant ! Ca te dirait de devenir mon garde du corps quand tu seras grand ? » Mais la réponse, par la voix de l’interprète, n’est pas celle espérée « Non, dit le garçon. Je ne veux pas protéger une seule personne, je veux défendre le milliard de mes compatriotes chinois ». Nous sommes en 1974, sur la pelouse de la Maison-Blanche, à Washington. L’homme, c’est Richard Nixon, président des États-Unis. Le garçon est Li Lianjie, un prodige du wushu âgé de 11 ans seulement, qui se fera plus tard appeler Jet Li. Cet incident a été repris par les journalistes du monde entier. Les médias américains ont dénoncé l’endoctrinement du garçon, les Chinois ont encensé son esprit patriotique. Avec un recul de quarante-cinq ans, cette anecdote nous en apprend finalement beaucoup sur l’homme qu’il est devenu.

Jet Li est un patriote: ce penchant l’accompagnera d’ailleurs tout au long de sa vie et de son travail, même après qu’il a quitté la Chine. Tout comme le sentiment de devoir protéger et défendre ceux qui en ont besoin, un trait de caractère qui a pris tout son sens lorsqu’il a créé la fondation One après le tsunami qui a frappé l’Asie en 2004. Cette gravité, cette inaptitude à voir la vie avec légèreté ont toujours été présentes en lui et expliquent probablement pourquoi Jet Li n’a pas emprunté la même voie comique qu’une autre légende des arts martiaux, Jackie Chan. Si les succès ont atténué le côté austère de Li, il n’en reste pas moins une tendance profonde au sérieux: il n’est pas là pour chômer.

Cette approche lui a permis de s’imposer comme l’héritier naturel de Bruce Lee aux yeux du monde entier. Le fait qu’il ait été casté par Sylvester Stallone pour le blockbuster The Expendables: Unité spéciale, sorti en 2010, confirma son rang de star hollywoodienne aux gros bras, un statut acquis sans aucune concession. Li est néanmoins toujours resté fidèle à ses racines. il a incarné nombre de héros traditionnels chinois et a toujours cherché à donner une dimension spirituelle à son travail – en écho à ses convictions boudhistes et à la philosophie de Bruce Lee – plutôt que de simplement botter des paires de fesses. On sait peu de choses sur sa jeunesse: la mort de son père quand il n’avait que deux ans, la pauvreté qui touche sa famille, sa mère qui vendait des billets de bus pour entretenir ses cinq enfants… De quoi rendre la vie dure à n’importe quel gamin. A 8 ans, Li est sélectionné pour s’entraîner au sport national, le wushu. Il suit un régime exténuant: debout à 6 heures, il enchaîne 8 heures d’etraînement à l’extérieur, au plus froid de l’hiver mordant de Pékin. Aucune excuse n’est acceptée. A 9 ans, Li se casse la cheville, mais ne dit rien à son maître, le terrible Wu Bin. Ce n’est que deux jours plus tard, avec la visite surprise d’un autre entraîneur, que la blessure est découverte. Li a développé une relation à la douleur que seuls les athlètes les plus enhardis peuvent comprendre. Lors d’un concours, à 12 ans, il s’entaille la tête avec un glaive, mais termine néanmoins son enchaînement. Trois jours plus tard, il remporte un championnat national en terrassant un adversaire deux fois plus âgé que lui. Il aura versé du sang, de la sueur mais pas une larme.

Entre 1974 et 1979, Li remporte quinze médailles d’or dans les Jeux chinois (sorte de championnat du monde de wushu) et se forge une réputation de maître incontesté. Il se voit alors affublé du surnom de « Jet », référence à son incroyable rapidité, confirmant que la vitesse est plus forte que la taille. Adulte, il mesure 1,70 mètres pour 66kg de muscles, mais ses mouvements ont toujours été caractérisés par une vitesse et une grâce interdites au commun des mortels. Sans oublier des gestes aériens normalement réservés au règne animal. Les experts en arts martiaux eux-mêmes s’émerveillent devant sa capacité à tenir des poses avant d’exploser dans un élan de brutalité finale qui ne souffre aucune contestation. Aujourd’hui, entre les images de synthèse et les câbles, n’importe quel acteur peut « faire » du kung-fu. Jet Li est toutefois l’un des rares à être meilleur sans artifice. Ses plus grands fans lui ont d’ailleurs reproché d’avoir utilisé des effets spéciaux dans Roméo doit mourir, sorti en 2000, le poussant à revenir aux fondamentaux lors de ses films suivants.

Après une enfance frustrante, Li sort de l’ombre lorsque la Chine, culturellement plus ouverte, autorise enfin les caméras à pénétrer un temple shaolin pour filmer un Jet Li en grande forme. A l’époque de sa sortie (1976), seuls les amateurs occidentaux les plus déterminés pouvaient se procurer son premier film, Le temple de Shaolin. Ce fut le début de sa carrière, mais la route vers le succès fut longue et douloureuse. Les revers de Jet Li sont légion et légendaires: au cours de ses six premiers films, Li s’est cassé deux fois la jambe ainsi que la cheville, le poignet et le nez, sans compter de sérieuses blessures au dos et au cou. Et comme si cela ne suffisait pas, son contrat avec la société de production Golden Harvest ne lui a rapporté qu’une misère alors qu’il était déjà une star reconnue. Enfin, l’influence néfaste des syndicats du crime ne lui a pas rendu la vie facile, notamment lorsque son agent Jim Choi fut assassiné à Kowloon, en 1992, parce qu’il aurait refusé que Li joue dans un film financé par la Triade.

Jet Li a déclaré que Le Maître d’armes (2006) serait son dernier vrai film d’arts martiaux. A 43 ans, il acceptait sans regret le fait que ces années à dépeindre fidèlement son art sur grand écran étaient désormais derrière lui, et qu’il était temps de joueur des rôles plus dramatiques, comme celui de l’empereur dans Mulan, qui sortira au printemps 2020. Ses trois décennies en haut de l’affiche des films de kung-fu démontrent toutefois une autodiscipline digne des plus grands moines Shaolin – et une capacité exceptionnelle à maîtriser la douleur infligée lors de ces matinées glaciales, il y a si longtemps. Et à être fidèle à ses ambitions: il n’a jamais été le garde du corps de personne.

La sagesse du guerrier Wushu

Certes, Jet Li savait bouger. Mais pour un maître en arts martiaux, l’esprit est la plus puissante des armes.

Secret d’autodéfense N° 1: Restez simple

« Trop de personnes se préoccupent de leur style de combat, raconte Li, qui est lui-même tombé dans ce piège. En grandissant, j’ai essayé de créer mon propre style. Après, j’ai essayé de ne pas en avoir. Si vous pensez d’abord au style, il vous reste bien du chemin à parcourir. Soyez naturel. Si j’ai soif, je prends un verre et je vois. C’est pareil en arts martiaux. »

Secret d’autodéfense N° 2: Observez la nature

Afin de développer la force intérieure nécessaire pour parer les attaques, Li regardait des documentaires animaliers. « Les tigres sont particulièrement effrayants avant d’attraper leur proie, analyse-t-il. C’est comme ça qu’on prend le pouvoir. Les gens ont peur de vous, vous le sentez. Et cela vient uniquement de votre énergie intérieure. »

Secret d’autodéfense N° 3: Passez la seconde

Contre un adversaire plus grand et plus puissant, un homme doit utiliser ses points forts – la vitesse contra la taille. « Vous devez exercer votre vitesse, en alternant le lent et le rapide, explique Li. Je savais que je ne pouvais pas soulever quelqu’un de trop grand, alors en accélérant aux maximum, je gagnais grâce à l’effet de surprise. »

5 leçons de vie de Jet Li:

L’humilité est votre meilleure amie

« Je ne suis pas un héros, j’ai juste passé beaucoup de temps à apprendre les arts martiaux. J’essaye de montrer ce que je peux faire, mais de nombreuses personnes en sont aussi capables. Je n’ai rien d’exceptionnel. »

L’équilibre avant la force

« Cela m’attriste d’avoir pu montrer que les arts martiaux peuvent blesser. Je n’ai pas eu l’occasion de montrer que l’important n’est pas le combat. Il faut connaître l’équilibre entre le yin et le yang. Cela nous permet de grandir. »

C’est seul, dans une pièce calme, que vous trouverez la clé du bonheur

« Vous devez étudier qui vous êtes. Qui êtes-vous à 100% ? Si vous arrivez à savoir qui vous êtes à l’intérieur, alors vous apprenez à ne plus avoir peur. »

Ce que les autres disent de vous n’est qu’un bruit de fond

« Si vous ne vous laissez pas perturber par les autres, le bruit qu’ils font est inoffensif. Si vous privilégiez leur jugement au vôtre, c’est que vous avez un problème. »

La mort donne la vie

« Je suis prêt à mourir. Quand on a conscience que personne ne sait quand ça arrivera, alors on profite du moment présent. Si vous mourez demain, peu importe: vous aurez déjà profité de chaque instant. »

Les meilleurs films de Jet Li

Jet Li a joué dans plus de 40 films de kung-fu. Voici notre sélection.

  • Le temple de shaolin (1976): Li et les autres maîtres wushu ont été recrutés car le casting original fut renvoyé après un an de tournage. Les Japonais déploraient le manque d’action authentique.
  • Il était une fois en Chine (1991): Dans cette fameuse trilogie, Li incarne Wong Fei-Hung, un héros traditionnel et maître de l’art martial chinois hung-gar (un style de Wushu). On se souvient surtout de la scène finale dans un vaste entrepôt où Li affronte ses adversaires en équilibre sur de grandes échelles.
  • Fist of legend (1994): Remake de La fureur de vaincre de Bruce Lee, le sentiment antijaponais y est toutefois atténué sans rien enlever à l’action. Jet Li se bat les yeux bandés et fait un usage dévastateur de sa ceinture.
  • Hero (2002): Après avoir refusé le rôle principal de Tigre et dragon, Jet Li se rattrape avec une autre autre superproduction, un film de wuxia (combat d’épée traditionnel) réalisé en flash-back.
  • Le maître d’armes (2006): La légende des arts martiaux Huo Yuanjia réalise que le futur dépend du franc-jeu et non de la brutalité… après avoir mis une raclée à quantité de Britanniques, Espagnols, Belges et Japonais !