Halte aux idées reçues – Coach Magazine France

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Dans le domaine de la musculation, de nombreuses contrevérités étaient déjà ancrées dans les esprits bien avant la prolifération actuelle des « fausses infos »

C’est devenu monnaie courante : sur Instagram, un sombre crétin poste une vidéo où il affirme avoir perdu 17 kg en deux jours en ne mangeant que du pop-corn au chocolat. Cette intox est alors reprise en ligne et colportée tellement de fois qu’elle devient presque parole d’évangile et que les gens commencent à croire que, pour perdre du poids, il convient de se goinfrer de maïs aux arômes artificiels. Bien sûr, vous ne serez sans doute pas dupe d’un canular aussi énorme que celui-là. Il n’empêche que certaines idées fausses, comme celles qui sont abordées ici, sont plus difficiles à repérer et pourraient bien vous empêcher de rester mince, en bonne santé et à l’abri des blessures.

1 –  Les muscles requièrent un important volume d’entraînement pour grossir au maximum

À L’ORIGINE Dans les années 60 et 70, les stéroïdes faisaient fureur chez les bodybuildeurs qui ont découvert, du même coup, qu’ils pouvaient effectuer davantage de séries par groupe musculaire sans pour autant compromettre la récupération. Ayant alors augmenté le volume de travail et la fréquence des entraînements, ils ont constaté que leurs muscles se développaient davantage et plus rapidement.

LA RÉALITÉ Sans le recours aux stéroïdes, ils auraient filé tout droit vers le surentraînement. Plutôt que de pilonner un groupe musculaire en lui assénant un max de séries et de reps et d’attendre une semaine avant de le retravailler, il vaut mieux faire environ deux séries par exercice pour les muscles ciblés et y revenir plus tard dans la semaine. « Au lieu de 52 séances par an pour tel ou tel groupe musculaire, on en fait 104 », explique Jason Ferruggia, entraîneur de haut niveau à Warren dans le New Jersey. « De cette façon, on stimule les muscles deux fois plus et, au bout du compte,on gagne encore plus de masse. »

2 – L’acide lactique est responsable de la fatigue musculaire

À L’ORIGINE Des recherches très anciennes (effectuées sur des grenouilles, précisons-le) suggéraient l’existence d’un lien entre le taux d’acide lactique dans les muscles et l’augmentation de la fatigue.

LA RÉALITÉ « L’acide lactique accentue la fatigue parce qu’il sert de carburant pour les contractions musculaires », souligne Chad Waterbury, neurophysiologiste. La sensation de brûlure qu’elle provoque incite à stopper l’exercice. Or, comme l’acide lactique est transformé en substrat énergétique par le foie, il contribue en réalité à contrecarrer la fatigue. Celle-ci est due à une accumulation de protons dans les muscles : elle est consécutive à la dégradation du glycogène, carburant de l’effort stocké dans l’organisme.

3 – Les genoux ne doivent pas avancer au-delà du plan des orteils au squat

À L’ORIGINE En 1978, une étude de la Duke University avait affirmé que les genoux étaient mieux protégés si les tibias étaient en position verticale à la fin du squat.

LA RÉALITÉ Dans n’importe quel exercice, ce sont essentiellement la longueur des jambes et le lieu d’insertion des muscles sur les articulations qui déterminent la position des genoux à la fin d’un mouvement. Certains pratiquants (généralement de petite taille) n’ont aucune difficulté à terminer le squat avec les genoux en retrait de l’aplomb des orteils tandis que chez d’autres (les grands gabarits la plupart du temps), les genoux seront bien plus en avant dans la position d’arrivée du mouvement. On peut provoquer une blessure si on cherche à maintenir les genoux en arrière tandis que le corps résiste au surcroît de stress infligé au bassin et au bas du dos.

4 – Les charges légères et les séries longues tonifient les muscles

À L’ORIGINE À l’approche d’une compétition, les bodybuildeurs privilégient souvent les séries longues exécutées avec des charges légères. Ils partent du principe qu’en augmentant le nombre de reps, ils brûlent davantage de calories et de tissu adipeux, ce qui leur assure d’être aussi « secs » et vascularisés que possible quand ils arriveront sur scène pour faire jouer leurs muscles.

LA RÉALITÉ En général, les bodybuildeurs associent ce mode d’entraînement à un régime hypoglucidique et faiblement calorique : c’est ce qui explique la rapidité de la fonte adipeuse. « La tonicité de la silhouette est fonction du taux de graisse corporelle et du niveau de développement musculaire », déclare Jim Smith, coach personnel.

5 – Les appareils de musculation offrent un meilleur niveau de sécurité que les charges libres

À L’ORIGINE Les fabricants affirment que leur matériel isole les muscles ciblés et empêche les blessures du fait que le pratiquant exécute un exercice selon une trajectoire fixée d’avance et qui élimine l’éventualité d’une faute technique dangereuse.

LA RÉALITÉ En fait, en imposant un couloir de déplacement, les machines et les appareils augmentent le risque de blessures parce qu’ils ne sont pas en mesure de prendre en compte la longueur des membres d’un individu et sa courbe de force. Résultat, les articulations peuvent être soumises à des forces de cisaillement néfastes. « Quand on s’entraîne avec des charges libres, précise Smith, le corps s’adapte naturellement à l’amplitude du mouvement, du début jusqu’à la fin et selon le niveau de force, la vitesse d’exécution et la maîtrise technique du geste. » Ces paramètres sont exclus quand on s’entraîne sur des machines. Attendons- nous à ce que ces mêmes appareils soient probablement interdits quand le sport sera prescrit sur ordonnance !