Harcèlement à la salle : ne soyez pas « ce genre d’homme » – Coach Magazine France

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© iStock

Des vêtements de sport moulants. Des corps couverts de sueur. Des individus du sexe opposé qui partagent une passion pour les muscles et le fitness. La salle de sport est un endroit naturel pour être attiré par des personnes qui partagent l’amour du sport. Cet environnement « fertile » pour trouver l’amour (ou pour assouvir son désir sexuel) peut également être l’endroit parfait pour le harcèlement sexuel. Dans certains cas, ce harcèlement peut être flagrant, comme l’explique Larissa Mercado-López, professeur de Women’s Studies à l’Université d’État de Californie.

« J’ai été approchée, suivie et touchée de façon inappropriée plusieurs fois. Un homme qui faisait des allers-retours dans la zone où je m’entraînais s’est glissé entre deux bancs pour se frotter « accidentellement » contre moi ».

Dans de nombreux cas, ce harcèlement peut prendre des formes beaucoup plus subtiles. Selon une étude menée par Fitrated (une plate-forme de review d’équipements sportifs) auprès de 1 000 personnes à travers les États-Unis, les deux types de harcèlement les plus courants à la salle de sport sont « le fait d’être fixé sans raison » et « les commentaires inutiles sur l’apparence ». Dans cette étude, plus de 5% des femmes (et 1% des hommes) ont déclaré avoir été sexuellement harcelé(e)s à la salle de sport. De nombreux participants ont également déclaré avoir été touchés, tripotés ou photographiés.

Selon Leann Shear, fondatrice d’Uplift Studios et de Female Society à New York, le résultat de ce genre de comportements est que certaines femmes qui ont fait l’expérience de ce harcèlement quittent leur salle de sport habituelle pour rejoindre des salles dédiées uniquement aux femmes. « Je vois beaucoup de femmes qui viennent à Uplift car nous n’autorisons que les femmes et parce qu’elles ont vécu de mauvaises expériences », affirme Shear.

Messieurs, à moins que vous ne souhaitiez transformer votre salle de sport en un endroit uniquement masculin, voici quelques astuces offertes par les femmes pour ne pas être « ce genre d’homme » à la salle de sport.

METTEZ-VOUS À LEUR PLACE 

Pour la plupart des « hommes corrects », se mettre à leur place signifie simplement penser du point de vue des femmes à la salle de sport et savoir comment elles peuvent réagir à certains comportements.

« Parfois, dans la vie, on rencontre des hommes qui sont des prédateurs, affirme Shear. La majorité de ces gens-là n’en sont probablement pas conscients, mais c’est quand même intimidant. Cela commence par la prise de conscience. Si vous n’en avez pas conscience à ce moment particulier, vous avez un problème ».

Comprenez que de nombreuses femmes se sentent très mal à l’aise à la salle de sport. Près des deux tiers des femmes de l’étude menée par Fitrated ont déclaré qu’elles avaient évité d’aller à la salle de sport car elles étaient anxieuses ou avaient peur d’être jugées, comparées à seulement un tiers des hommes. Les femmes ont plus de risque d’être jugées sur leur poids, sur leur tour de taille ou sur leur mauvaise utilisation des équipements. Messieurs, soyez donc conscient de cette gêne avant d’ouvrir la bouche, même lorsque vous pensez dire quelque chose de gentil.

GARDEZ LES COMPLIMENTS POUR VOUS

Selon Mercado-López, même un compliment banal peut rappeler à une femme qu’on la regarde. Les commentaires sur son corps ou les questions sur les moments où elle a l’habitude de se rendre à la salle de sport peuvent également sembler suspects.

Erin Bailey, blogueuse et professionnelle fitness à Boston, détaille l’un de ces genres d’incidents dans un article devenu viral sur le harcèlement sexuel intitulé « Ce que nous méritons ». « Un homme est venu vers moi il y a quelques mois à la fontaine à eau de la salle de sport pendant que je remplissais ma bouteille. Il m’a alors dit qu’il aimait bien mon legging, qu’il me faisait de belles fesses et que je serais encore mieux sans ».

Quand vous avez un doute, évitez de faire un compliment qui pourrait être perçu comme du harcèlement, conseille Shear. « Il y a une différence entre un compliment et des propos à connotations sexuelles qui relèvent du harcèlement sexuel. Mon conseil, c’est de toujours interpréter les signes et de la laisser tranquille ».

LAISSEZ-LA S’ENTRAÎNER EN PAIX

Si elle a des écouteurs et/ou qu’elle s’entraîne, n’essayez pas de lui parler, conseille Shear.

« N’essayez pas d’engager une conversation avec quelqu’un au milieu d’une séance de musculation ou de tapis de course. Ce n’est pas le moment. Point barre. Les individus sont attirés vers d’autres personnes et veulent discuter avec elles, mais il y a un temps et un endroit pour ça et la salle de sport pendant une séance d’entraînement n’est pas le bon moment ».

N’ÉTALEZ PAS VOTRE SCIENCE

Il est courant pour les hommes, du moins pour ceux qui n’ont pas été mariés depuis un certain temps, de penser qu’ils ont raison et qu’ils doivent dire aux femmes qu’elles ont tort. Messieurs, quand vous êtes à la salle de sport, résistez à l’envie d’expliquer un entraînement ou un mouvement à une femme. A moins qu’elle ne vous l’ait demandé, n’essayez pas de la corriger si vous ne la connaissez pas.

« Il y a un mansplaining endémique à la salle de sport, affirme Shear. Un jour, je faisais ma séance quand un homme est venu vers moi, s’est mis à commenter ma routine et à essayer de m’apprendre à mieux faire les choses. Bien sûr, il ne savait pas que j’étais un entraîneur personnel certifié propriétaire d’un studio fitness. Ça m’a vraiment énervée ».

Là encore, mettez-vous à la place de la femme. Souhaiteriez-vous avoir un avis que vous n’avez pas demandé de la part d’un non professionnel en plein milieu d’une séance de squats ? Et même si le mansplaining peut ne pas être considéré comme du harcèlement sexuel, vous êtes en bonne position pour devenir « ce genre d’homme » à la salle de sport.

ÉVITEZ DE LOUCHER

Peu importe la façon dont vous regardez une femme, pour ne pas être mal compris, évitez de loucher sur certaines parties de son corps. Et si vous engagez une conversation, souvenez-vous que ses yeux ne sont pas sur sa poitrine.

ENTRAÎNEURS : CELA VOUS CONCERNE AUSSI

Selon l’étude menée par Fitrated, environ 10% des harceleurs sexuels à la salle de sport sont des entraîneurs. Ils doivent également être conscients de leur comportement, éviter le mansplaining et ne pas lorgner leurs clientes.

« Quelques nouveaux clients m’ont raconté qu’ils avaient quitté leur salle de sport parce qu’ils étaient suivis ou harcelés par un entraîneur, déclare Shear. La grande majorité des entraîneurs sont géniaux, mais parfois, ils n’ont rien d’autre à faire que se promener dans la salle et regarder les sportifs. Ça peut très vite franchir la ligne. Le mansplaining est un côté plus léger du harcèlement, mais le harcèlement sexuel est le côté le plus néfaste ». 

COMMENT FLIRTER SANS FRANCHIR LA LIGNE

Shear a un conseil : « Comment est-ce qu’un homme peut m’aborder ? Je suis une athlète. J’aime la compétition. Si un homme s’entraîne à côté de moi sur le tapis de course, j’accélère un peu. Il peut accélérer aussi. Il n’a pas besoin de parler. Ça va attirer mon attention s’il entre dans une compétition subtile avec moi ».

« Les femmes s’entraînent aussi dur que les hommes et font tout ce qu’ils font. Nous voulons l’égalité. Montrez-moi que non seulement je vous impressionne, mais aussi que vous voulez entrer en compétition avec moi. C’est implicite, pas suspect, et on s’amuse ensemble », affirme Shear.

Traduit par Mélanie Geffroy