Les sportifs de l'extrême sont-ils des trompe-la-mort ? – Coach Magazine France

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@iStock

Les chercheurs de l’Université de Technologie de Queensland ont réfuté le mythe selon lequel les sportifs les plus extrêmes sont des accros à l’adrénaline avec des désirs de mort.

Qu’est-ce qu’un sport extrême ?

Une étude plutôt originale a été publiée dans le dernier numéro de Psychology of Consciousness, Theory, Research and Practice. Les professeurs Brymer et Schweitzer qui en sont à l’initiative ont défini que les sports extrêmes sont des activités de loisirs dans lesquelles une erreur ou un accident mal géré pouvait entraîner la mort. Comme dans des disciplines telles que le base jump, le surf de vagues immenses et l’escalade en solo sans assurance.

L’extrême a le vent en poupe

« Les sports extrêmes sont devenus un phénomène mondial et nous assistons à un engouement sans précédent pour ces activités, » déclare le professeur Brymer. « Contrairement au nombre de sportifs dans des disciplines traditionnelles telles que le golf, le basketball et les sports de raquette, le nombre de sportifs de l’extrême a fortement augmenté sur la dernière décennie. » Le professeur Brymer explique que jusqu’à présent, il y avait une incompréhension flagrante de ce qui motive les gens à pratiquer des sports extrêmes. Et depuis toujours, ces activités sont considérées comme étant réservées aux accros à l’adrénaline.

Qui sont ces sportifs de l’extrême ?

« Nos recherches ont prouvé que les personnes qui pratiquent des sports extrêmes ne sont pas des irresponsables à tendances suicidaires. Ce sont des personnes hautement qualifiées, ayant une connaissance approfondie d’eux-mêmes, de leur activité et de l’environnement inhérent à sa pratique, » explique Brymer. « Leur ressenti est très difficile à décrire, tout comme il est difficile de décrire un sentiment amoureux. Les sportifs de l’extrême aiment se sentir vivant, sentir qu’ils ont la maîtrise de leur corps et d’exploiter un maximum de son potentiel. »

Un retour aux sources

Les chercheurs nous rapportent que les base-jumpers expliquent pouvoir voir toutes les couleurs et aspérités d’un rocher alors qu’ils « volent » à  300 km / h, que les grimpeurs extrêmes ont l’impression de flotter et de danser avec la paroi. La majorité des sportifs de l’extrême exprime une sensation de temps qui ralentit et de communion avec les éléments.

Comprendre les motivations des sportifs de l’extrême pour comprendre l’humain.

Loin des hypothèses traditionnelles axées sur le risque, la pratique de sports extrêmes favorise des expériences psychologiques positives et exprime des valeurs humaines telles que l’humilité, l’harmonie, la créativité, la spiritualité et le sens vital de soi qui enrichit la vie quotidienne. Comme ces sportifs avaient du mal à mettre des mots sur leur ressenti, le projet de recherche a adopté une nouvelle approche pour comprendre les données. « Plutôt qu’une approche basée sur la théorie qui peut porter des jugements qui ne reflètent pas l’expérience vécue par ces sportifs, nous avons adopté une approche phénoménologique pour nous assurer une analyse impartiale, » a déclaré le chercheur. « Pour la première fois, nous avons pu conceptualiser de telles expériences comme représentant potentiellement des efforts aux limites de l’humain. Où l’homme fait des choix qui peuvent potentiellement entraîner la mort. »

Prendre des risques pour se sentir vivant

« Le sport extrême a le potentiel d’induire des états de conscience non ordinaires à la fois puissants et significatifs, » explique Brymer. Il s’avère que le désir de vivre est bien présent, et qu’il induit des choix visant à éviter la mort. Ces expériences extrêmes sont vécues dans un état de pleine conscience qui ne laisse pas de place à l’irresponsabilité.