Zlatan Ibrahimovic : les secrets de sa longévité – Coach Magazine France

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Tout a été écrit (ou presque) sur la vie de Zlatan Ibrahimovic.
Sa taille imposante, son visage atypique, ses tatouages mystérieux, ses sorties médiatiques croustillantes… Le footballeur suédois, considéré dans son pays comme le plus grand sportif de tous les temps, n’a jamais cessé de susciter une forme de fascination et d’admiration. Mais les fans de ballon rond pourraient commencer à s’inquiéter. « Ibra » est, à 33 printemps passés, à l’orée de sa retraite sportive même si le temps n’a, pour l’instant, aucune emprise sur son efficacité devant le but.

Les statistiques de sa carrière montrent à quel point le joueur du Paris Saint-Germain a fait preuve de régularité. En 18 saisons, il a disputé 680 matchs, inscrit 354 buts et délivré 86 passes décisives. En moyenne, cela signifie que l’attaquant a été décisif lors de deux rencontres sur trois, une performance hors normes. Et rien que ces deux dernières saisons, entre août 2012 et juin 2014, il a joué 106 matchs, réalisé 90 buts et signé 34 passes décisives ! Pour atteindre cette exigence du haut niveau et cette régularité dans la conquête de titres majeurs, Zlatan Ibrahimovic a dû franchir des étapes décisives.
Focus sur trois d’entre elles.

1/ Une enfance pour s’endurcir

Sa rage de vaincre, Ibrahimovic la doit à son enfance si particulière passée à Rosengård, dans la banlieue de Malmö, en Suède. Né d’un père bosnien et d’une mère croate, le footballeur s’est forgé  un caractère bien trempé, dans un milieu hostile, bercé par les nombreux conflits liés au divorce de ses parents. Le joueur l’a parfaitement décrit dans sa biographie, Moi, Zlatan Ibrahimovic (éditions JC Lattès). Seul le sport lui permet de quitter cette réalité.« Je fuyais tout ça. Je restais dehors, je courais ou je jouais au football. Je n’étais pas vraiment le garçon le plus équilibré ou le plus prometteur. J’étais juste un de ces morveux qui tapaient dans la balle. J’avais d’incroyables coups de sang. Je filais des coups de tête aux uns et aux autres et je hurlais sur mes copains de l’équipe. » En novembre 1990, après avoir mené une enquête sur le comportement de sa mère, les services sociaux confient la garde de Zlatan à son père. Il vit alors loin de sa soeur, Sanela. La cohabitation devient très complexe. « Certains jours, mon père était saoul. Je me disputais souvent avec lui quand bien même il me hurlait à la figure : “Je vais te fiche dehors !” Je voulais lui montrer que je pouvais me défendre tout seul et parfois, le boucan que nous faisions était juste insupportable. »Sans repères familiaux, Zlatan devient un enfant de plus en plus turbulent. Son côté bagarreur émerge constamment au milieu des entraînements et des matchs de quartier. Le joueur confie d’ailleurs que son talent sportif l’a sauvé d’une vie bien plus sombre.

« On m’a demandé ce que j’aurais fait si je n’étais pas devenu footballeur. Je n’en ai pas la moindre idée. Peut-être serais-je devenu un criminel. Il y avait beaucoup de criminalité à cette époque. Ce n’est pas que nous sortions pour voler mais il se passait beaucoup de choses et je ne parle pas seulement des vélos. Il y avait des incursions dans les grands magasins, pour lesquelles j’éprouvais un certain malin plaisir. Cela m’excitait de piquer des trucs et je dois m’estimer heureux que papa n’en ait jamais rien su. » Malmö BI, FBK Balkan, puis le centre de formation de Malmö FF… Finalement, la trajectoire du Suédois prend une tournure plus positive. Ses débuts dans le monde professionnel marquent une phase importante de sa vie et de sa future réussite : la stabilisation de ses rapports avec son père. « Après un match avec l’équipe de Malmö, mon père est venu me voir jouer et eut un déclic. Je devins sa drogue. Il se mit à suivre tout ce que je faisais. Il assistait à tous les entraînements. Son appartement se transforma en un mausolée érigé à ma carrière et il découpait tous les articles. Jusqu’au moindre bout de papier le plus insignifiant. Demandez-lui un truc, tout est là. Et pas en pagaille comme il avait l’habitude de ranger ses affaires. Tout est à sa place. »

Transféré à l’Ajax Amsterdam en 2001, le géant suédois doit apprendre les exigences du haut niveau. Son physique imposant (1,95 mètre) et son mental d’acier font alors la différence. « Personne n’allait ôter ce qui fait l’originalité de mon jeu, non parce que j’étais une tête de lard ou que je cherchais les ennuis, mais parce que je continuais à me battre et quand je travaille sur un terrain, je peux paraître agressif. C’est un des aspects de ma personnalité. Je demande aux autres tout autant que ce que je m’impose. » Avec le temps, son agressivité s’est canalisée : le joueur a été expulsé à 12 reprises durant sa carrière, mais ne l’a plus été depuis plus d’un an et demi.

2/ le taekwondo pour s’assouplir

Si la célébrité du joueur s’est répandue aux quatre coins de la planète, c’est aussi grâce sa manière de jouer. Un attaquant de sa taille est habituellement un joueur doué de la tête qui sert de point de fixation pour ses coéquipiers. Pas Zlatan. Doté d’une technique hors pair acquise en observant les plus grands joueurs brésiliens tels que Ronaldo, il possède une panoplie de gestes impressionnants directement importés du taekwondo, son autre sport favori. Durant plusieurs années, le Suédois a pratiqué cet art martial jusqu’à décrocher une ceinture noire, à l’âge de 17 ans.
Par la suite, il s’est servi des différentes techniques pour reproduire des postures atypiques et uniques. Lui seul est capable de frapper une balle à plus d’1,60 mètre du sol ou de marquer d’une reprise de la semelle. Pour le taekwondoïste français Pascal Gentil, triple champion d’Europe et double médaillé olympique, la manière dont il se déplace sur un terrain et sa façon de se confronter aux défenseurs adverses démontrent sa pratique intensive de l’art martial.

« C’est un joueur qui se sert énormément des feintes de corps pour obliger ses adversaires directs à déclencher. Cela signifie qu’il va les obliger à porter une attaque riposte. C’est de l’anticipation. Une façon aussi de savoir si ses adversaires sont plutôt réactifs, agressifs ou attentistes. » Sa souplesse lui a épargné
de nombreuses blessures et permis de marquer des buts d’anthologie, que ce soit en Italie, en Espagne ou en France. À titre d’exemple, le 23 octobre 2013, à l’issue d’un des plus grands matchs de sa carrière (quatre buts inscrits en Ligue des champions face à Anderlecht), le joueur a marqué d’une frappe du pied droit chronométré à 100 km/h !

3/ l’entretien physique pour durer

Au-delà du mental, un sportif de haut niveau ne peut conserver un certain niveau de performance que s’il est épargné par les blessures graves ou récurrentes. C’est le cas du joueur du Paris Saint-Germain. Depuis ses débuts à Amsterdam en 2001, il n’a jamais connu de longues absences sur le terrain et n’a jamais terminé une saison à moins de 30 matchs disputés. Seul fait notable : la pose d’une prothèse sur l’aine gauche lorsde son passage à l’Ajax. Son évolution physique est, à cet égard, intéressante. Et son passage à la Juventus de Turin a été déterminant. « Dès mon arrivée, les gens ont commencé à m’appeler “le Flamant”. J’étais encore mince. Je mesurais un 1,95 mètre mais je ne pesais que 84 kg. Fabio Capello pensait que ce n’était pas suffisant. Je n’avais jamais soulevé de fonte et il trouva cela passablement scandaleux. Il m’envoya voir le préparateur physique pour me faire cravacher en salle et, pour la première fois de ma vie, je commençai à faire attention à ce que je bouffais. » À force de travail en salle, le joueur est devenu de plus en plus puissant. Presque trop ! « Je suis monté jusqu’à 98 kg, mon poids maximum, et je sentais que c’était trop. Mais, après avoir rééquilibré tout cela, je me suis senti plus fort, plus rapide, et j’ai appris avec les stars du club. » Aujourd’hui encore, les observateurs avisés du camp des Loges décrivent Zlatan Ibrahimovic comme un sportif à l’hygiène de vie irréprochable. Entraîneurs et coéquipiers ne cessent de louer le rôle d’exemple qu’il joue auprès des plus jeunes.

Récemment, un proche de la star a livré quelques-unes de ses habitudes. Zlatan n’effectue pas d’exercices physiques supplémentaires, juste du gainage et un entretien musculaire rigoureux. Et il répète souvent des gestes à l’entraînement depuis des années. Du coup, la chaîne musculaire sollicitée se renforce de cette façon. Côté alimentation, rien n’est laissé au hasard. L’époque italienne où le joueur confiait manger « au moins » deux plats de pâtes par jour est révolue. À ses yeux, un bon repas est aussi important qu’un bon entraînement. « Je ne mange pas de suppléments alimentaires, des shakes protéinés ou des barres chocolatées… Rien de tout ça. Je mange de la vraie nourriture (…) La veille des matchs, on mange des pâtes pour tenir 90 minutes et sinon, c’est beaucoup de viande, de poisson, d’oeufs et des légumes. Je ne fais pas vraiment de régime, mais j’essaye de garder un certain poids, sinon je n’ai pas ma vitesse et ma flexibilité habituelle. Je prends un petit déj léger, un gros déjeuner et un dîner (parfois aussi un petit casse-croûte avant de dormir). J’aime manger une omelette et un sandwich. D’ailleurs, aujourd’hui, il y a du pain  suédois au camp des Loges*. »

Preuve de son implication quotidienne dans le choix des aliments, le joueur a demandé en février dernier à la direction du club parisien d’améliorer la cuisine proposée aux joueurs après les entraînements. Motif de son courroux : le manque de produits frais dans les assiettes. Alors qu’il débute sa troisième saison à Paris, Zlatan Ibrahimovic a déjà laissé derrière lui une trace indélébile, celle d’un attaquant charismatique doté d’un physique exceptionnel. Si son corps le laisse tranquille, il devrait encore faire le bonheur des spectateurs français durant deux ans. Et nul doute qu’il n’a pas encore livré ses dernières folies !

Crédit : Psg.fr