Expédition VTT à assistance électrique en Maurienne : 120 km en 4 jours – Coach Magazine France

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Le long de la vallée de l’Arc, face au fort Victor-Emmanuel © Patrick Guérinet

4 étapes, 25 à 40 kilomètres par jour en suivant une trace GPS pré-enregistrée, vos bagages qui vous attendent à chaque étape et un grand bol d’air en montagne : le tout nouveau concept d’itinérance en VTT à assistance électrique proposé par Maurienne Mountain & Bike  en Vallée de la Maurienne saura combler tous les amoureux de sport et de nature.

Expédition VTT à assistance électrique en Maurienne

Le rédacteur en chef en mode baroudeur des cimes © Cyrielle Roux

La Toussuire. Premiers tours de roue sur un parking à l’entrée de la station, histoire de se familiariser avec le principe de l’assistance électrique, dont certains se font une montagne. La montagne, elle est juste devant nous, qui nous attend. Arrivés la veille à Saint-Jean de Maurienne, et aussitôt pris en charge, ma coéquipière et moi regardons une dernière fois le profil de l’étape du jour (25 km, 1300 de dénivelé positif) en nous demandant comment nous allons pouvoir escalader de telles pentes à la force des mollets, même en étant assistés.

Pierre, le jeune entrepreneur passionné de montagne et d’outdoor qui a mis sur pied ce service cette année, fait un dernier check : batteries de rechange, GPS pour suivre la trace enregistrée, roadbook papier de secours en cas de défaillance du GPS, matériel de réparation en cas de crevaison, bidons d’eau, pique-nique, plus rien ne nous empêche de nous lancer dans l’aventure. Ce soir, Pierre nous donne rendez-vous au Chalet d’la Croë, le refuge qu’il tient avec sa compagne Virginie et Baloo, leur border collie, à 2000 mètres d’altitude, en pleine nature, au pied des Aiguilles d’Arves, pour un apéro débrief, un dîner bien savoyard et une nuit dans le dome géodésique qu’il vient tout juste de finir de construire. Reste plus qu’à pédaler…

Perdus au bout de 3 kilomètres

Les jambes tournent gentiment, le moteur électrique Bosh ronronne, et nous sommes déjà bluffés, comme pratiquement tous les VTTistes qui s’essayent à l’assistance électrique pour la première fois. Immédiatement, on entrevoit les possibilités de l’engin : monter plus haut, aller plus loin, découvrir de nouveaux horizons. Attention, nous restons lucides : pour grimper, même si le vélo propose un mode d’assistance spécifique pour les montées les plus ardues, il faudra quand même forcer. 15 jours plus tôt, j’ai interviewé Julien Absalon, double Champion Olympique de VTT cross-country tout fraîchement sacré champion de France de VTTAE, et le message a été clair : « Tu peux faire autant d’efforts qu’en VTT, tu feras juste plus de kilomètres et plus de dénivelé. »

Tout à nos considérations, j’en oublie de scruter la trace qui s’affiche sur le GPS fixé à mon guidon et… je nous perds. Déjà. Au bout d’à peine 3 kilomètres… L’engin sonne comme un damné et affiche des « Tourner à droite », « A gauche », « Faites demi-tour » a un rythme stakhanoviste, si bien que je me résous à stopper et sortir le roadbook de secours. Coup d’œil sur la carte, il faut repartir en arrière, passer derrière les remontées mécaniques et emprunter le chemin qui monte raide vers le haut des pistes pour basculer dans la vallée suivante. L’heure de vérité a sonné.

Dans le dôme géodésique, des chèvres curieuses © Patrick Guérinet

Plein le derrière

3 heures plus tard, nous arrivons à destination, frais comme un gardon de mon côté, en piteux état pour ma coéquipière. En cause, la selle de son vélo, une selle « homme » qui ne lui a pas épargné le derrière. Impossible de s’asseoir, elle termine en poussant son vélo, les larmes aux yeux. Heureusement, le paysage grandiose, et l’affection de deux chèvres aussi dociles que des petits chiens lui rendent le sourire, mais l’étape de 40 kilomètres du lendemain semble compromise. Aux petits soins, Pierre, notre gentil organisateur, fonce immédiatement au fond de la vallée, dans la ville, à la recherche d’une selle bien rembourrée pour femme. Qu’il trouve. « Je n’avais pas pensé à ça, je vais m’en procurer un stock », nous avouera-t-il le soir-même lorsqu’il nous racontera comment est née cette idée d’itinérance en VTTAE.

Après une bonne nuit au frais, sous 3 couvertures, véritable luxe en période de canicule en plaine, le café du matin devant le paysage somptueux, avec le border collie pour seul compagnon, a un goût de breuvage divin.

Avec Baloo, le border collie du Chalet d’la Croë © Cyrielle Roux

Derrière le chalet, les Aiguilles d’Arves, entièrement dégagées, offrent une vision fantastique. Culminant à plus de 3500 mètres d’altitude, elles s’offrent aux premiers rayons du soleil, annonciateurs d’une journée exceptionnelle.

La barrière minérale des Aiguilles d’Arves au petit matin © Patrick Guérinet

En mode « WALK »

Pas besoin de longs discours pour se décider, je repars seul, Pierre se chargeant de transporter les bagages et ma coéquipière à l’hôtel de l’étape suivante, afin qu’elle puisse récupérer des douleurs de la veille. Les premiers kilomètres sont un enchantement : une longue descente à travers les prés, en suivant une trace à peine perceptible au milieu des herbes humides de rosée, le tout sous un ciel d’un bleu intense. J’enchaîne par un sentier en balcon dominant la vallée de l’Arvan, pédalant aisément en mode « ECO », histoire de faire travailler modérément mes jambes. Après 15 kilomètres très roulants, j’arrive tout frétillant à Albiez-le-Jeune pour entamer la grosse difficulté du jour, une montée raide en forêt jusqu’à la Croix d’Albiez, 600 mètres de dénivelé et des passages dans lesquels Pierre m’a prévenu qu’il faudrait sans doute pousser le vélo.

Effectivement, après les premiers lacets bien roulants, la piste forestière se transforme en sentier de plus en plus raide, jonché de racines et de cailloux. Bluffé par la capacité de progression en mode « TURBO », je finis néanmoins par mettre pied à terre, le vélo ayant tendance à cabrer tellement la pente est raide. Heureusement, il existe un mode « WALK » au niveau du sélecteur, qui me permet de marcher à côté du vélo, lui-même avançant seul à un rythme d’environ 2 km/h pour éviter à l’utilisateur de se retrouver avec un engin de 20 kilos à traîner en pleine montée.

Un refuge minuscule, invitation à la rêverie © Patrick Guérinet

Ma cabane au paradis

Arrivé au col, je néglige l’itinéraire pour grimper à droite jusqu’au petit refuge indiqué sur un panneau, à 10 minutes à peine de là où je suis. J’arrive alors au paradis, pour une pause restauration perdu dans la montagne, loin du bruit, loin de la ville, seul au monde. Le temps de me ressourcer, et je rejoins mon itinéraire GPS pour dévaler l’autre pan de la montagne et descendre vers la sation des Karellis. Le vélo suspendu muni de freins à disque et d’un réglage automatique de hauteur de selle – que je baisse au minimum possible – me permet d’éteindre l’assistance et de m’offrir une descente ultra-rapide sur une piste forestière propre et roulante de plus de 5 kilomètres, avec des points à plus de 50 km/h. Jouissif ! Une heure plus tard, soit à peine 3 heures après être parti, j’arrive déjà à Valloire, terme de la seconde journée, où je retrouve ma coéquipière, bien décidée à remonter sur son vélo pour l’étape suivante. Les douleurs aux fessiers calmées, elle rêve de repartir à l’assaut des montagnes, de longer torrents et cascades et de retrouver la paix des champs.

Le long de la vallée de l’Arc, face au fort Victor-Emmanuel © Patrick Guérinet

Sur un balcon perché

Au matin du 3ème jour, Pierre vient nous cueillir à l’hôtel pour nous emmener, vélo et bagages, vers la station de ski de la Norma, point de départ de l’étape, afin de nous éviter un long tronçon goudronné sans grand intérêt. Au menu du jour, 25 kilomètres de chemins en balcon le long de la vallée de l’Arc, en remontant vers Lanslebourg, sur la route du col de l’Iseran. 25 kilomètres sans grandes difficultés techniques, dans un univers de forêts, sous un soleil toujours aussi généreux.

Sur le chemin en balcon, le long des cascades © Cyrielle Roux

Chacun son rythme

Nous naviguons entre le mode « ECO » pour moi et « TOUR » pour ma coéquipière, ce qui lui permet de moins forcer que moi tout en roulant à la même allure. C’est un des grands atouts du VTTAE : cette possibilité de rouler en groupe, à la même vitesse, en utilisant chacun un mode d’assistance correspondant à sa capacité à pédaler et à faire des efforts. Entre amis, en couple, avec des enfants, chacun trouve son rythme pour une expérience partagée à 100%. Arrivés à destination, nous hésitons à gravir les 10 kilomètres de route du col du Mont Cenis, mais de gros nuages noirs nous dissuadent. Dommage, car il aurait été amusant d’avaler des pentes à 10% à 20-25 km/h, histoire de se rendre compte du rythme qu’arrivent à tenir les coureurs du Tour de France, sans moteur électrique, dans ce genre de difficultés.

En remontant la vallée, des restes de coulées de neige © Cyrielle Roux

Belle et Sébastien

4ème jour, nous enfilons nos vêtements de pluie en prévention d’éventuelles averses et entassons nos bagages à la consigne de l’hôtel avant d’enfourcher nos vélos pour la dernière étape, qui doit nous mener au fond de la vallée de la Haute-Maurienne, jusqu’au petit village de L’Ecot, terme de notre périple, où furent tournées de nombreuses scènes de la série Belle et Sébastien. Les chemins très larges et roulants nous font traverser des forêts de sapins puis déboucher dans le haut de la vallée de l’Arc, toujours le long de la route du col de l’Iseran, derrière lequel se cache Val d’Isère. Les abondantes chutes de neige de l’hiver ont laissé des traces, sous forme de restes de congères et autres ponts de glace sous lesquels s’engouffrent les torrents. Un paysage de petite maison dans la prairie, où partout on s’attend à voir surgir Charles Ingalls, fourche sur l’épaule.

Qui parle trop… tombe

Je profite des chemins assez plats pour tourner quelques vidéos, une main sur le guidon, l’autre tenant mon iPhone, jusqu’à ce qu’une petite pente surgie brutalement me coupe dans mon élan. Impossible de changer de vitesse ou de mode d’assistance, je ralentis et m’écroule dans l’herbe, dans un grand éclat de rire. L’assistance, oui, mais pas d’une seule main !

Le village de L’Ecot, au bout de la vallée © Patrick Guérinet

Bienvenue au siècle dernier

Bonneval-sur-Arc est une véritable petite perle de Savoie, un village au charme fou avec ses maisons de pierre et de bois, ses ruelles étroites et ses terrasses ombragées. Après une pause café / fromage de chèvre local (si si, on peut faire les deux, ça passe) sur la jolie place centrale, nous remontons une dernière fois sur nos VTT pour grimper via une petite route départementale jusqu’au fameux village de L’Ecot. Alors que nous approchons du but, les premières maisons apparaissent, sorte de village de montagne du siècle dernier, où nulle boutique, nul néon superflu ne vient troubler la quiétude. C’est dans ce décor à la fois grandiose et terriblement rustique que Sébastien et son chien Belle ont donc gambadé pour les besoins du cinéma, et l’on comprend vite le choix des décorateurs : pas besoin d’en faire des caisses, la nature est ici la plus puissante, l’homme, tout petit, n’existe quasiment pas.

Nous pédalons jusqu’au bout du chemin, et stoppons au pied d’une retenue d’eau. Devant nous, un panneau indique que tous les véhicules, même les vélos, sont interdits. De l’autre côté, le monde sauvage du Parc de la Vanoise n’accepte que les randonneurs à pied. Il est alors temps de redescendre à Bonneval, où Pierre, toujours aussi ponctuel, vient nous chercher, bagages déjà récupérés, pour nous ramener à Saint-Jean-de-Maurienne. Ainsi s’achève une merveilleuse traversée de la vallée de la Maurienne, qu’à peine achevée nous avons déjà envie de recommencer.

Par Patrick Guerinet

www.maurienne-mountain-and-bike.com